épisode 37 : 7 novembre — Consternitude

Publié le par strelets

Le 7 novembre devrait marquer la fin de l’erreur. En 680 s’ouvrait le troisième concile de Constantinople, qui condamna le monothélisme, marquant la fin des grandes querelles christologiques.

Hélas ! l’erreur et l’errance continuent d’être mes fidèles compagnes.


Les choses se précipitent pour la grève qui commence lundi. Le RER A va lui aussi être fortement perturbé (j’ai failli ajouter « comme certains de mes élèves », mais ça ne serait guère politiquement correct… ah mince ! je l’ai dit) ; (mal)heureusement, il est possible d’aller à Trapellun par le train : il va donc falloir élaborer un itinéraire bis jusqu’à Saint-Lazare, ce qui implique de me lever bien plus tôt.


Les émotions fortes de la journée sont venues des terminales, qui faisaient leur premier devoir dans les conditions du direct. Je m’y attendais, des mains se lèvent pour quelques précisions. De la part de terminales, elles sont particulièrement déroutantes : « wesh euh m’sieur, c’est quoi un protagoniste ? » (plusieurs occurrences). Le pompon revient à un élève qui, voyant que la carte mentionnait une piste Hô Chi Minh, demande « m’sieur, c’est quoi une piste ? » J’ai été tellement désarçonné que j’ai failli ne pas trouver les mots pour réponde.


Au bout de la première heure, une deuxième volée de questions augmente mon inquiétude. Pas d’autre explication possible, il y a du vol de cerveaux ou des matières hautement toxiques pour le système nerveux dans la région : j’ai beau leur avoir expliqué à plusieurs reprise la structure de l’épreuve (on fait le dossier documentaire ou la composition), un élève me demande s’il doit faire les deux sujets, et deux autres si, après les questions sur les documents, ils ne pouvaient pas faire le sujet de la composition au lien de celui du dossier. J’ai failli répondre qu’on ne pouvait pas panacher, mais j’ai crains la confusion avec quelque boisson alcoolisée. J’explique donc une fois encore que c’est tout le dossier ou toute la compo, mais pas un peu des deux. Un ou deux mongoloïdes, ça arrive, mais je vois plusieurs changer de couleur et faire de grandes ratures.


La fin de l’épreuve me réservait de nouvelles surprises. Je leur demande de garder le sujet et de le ramener la semaine pour le corrigé. Un élève insiste pour le joindre à sa copie, car j’aurais besoin de la numérotation des lignes. Quand je lui ai fait remarquer que la numérotation était la même sur mon exemplaire, il a eu l’air étonné, ce qui lui valu de se faire sévèrement tailler par sa voisine. Avec des terminales S comme ça, on n’a pas gagné la guerre…


Sonnerie. Je demande les copies. Certains obtempèrent, d’autres croient pouvoir continuer pendant la récréation. Pas question, par principe. En plus, pour agrémenter nos samedi matins, les collègues ont prévu que chacun amène des gâteaux à tour de rôle, et je comptais bien avoir ma part ! J’utilise donc ma vieille ruse classique : je dis « au revoir » et sors de la salle en me plaçant en embuscade au bout du couloir. Généralement, les retardataires sortent dans les 30 secondes, un peu paniqués. C’est pas sympa, je sais, mais ça me permet de mettre fin au cirque. Et là, rien : j’ai dû revenir au bout de deux minutes et annoncer une pénalité de 1 point par tranche de 30 secondes pour les amener à rendre les copies.


Dans la série « la paille et la poutre », j’apprends à midi qu’une collègue a eu mieux que la boxe, mais pendant l’inter-cours. Un élève a fait une balayette à l’autre, qui s’est effondré sur le sol via un voyage le long du mur : nez cassé, montre brisée… et il a fallu faire venir les pompiers.


Dire que jusqu’à Lewis-Carroll, je trouvais que les cours du samedi avaient une autre ambiance… mais je pensais à une ambiance plus sympa, pas au côté arts martiaux.

Publié dans Saison 1

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