épisode 212 : 19 novembre — Tentatives
Carnet impérial : couronnement de Jean V Paléologue, l’empereur de la loose (1341) — un règne de cinquante ans marqué par des guerres civiles larvées et une réduction régulière du territoire qui commence par un couronnement à une date sans éclat particulier ! Mais nous fêtons aussi la naissance de Mikhaïl Vassilievitch Lomonosov (1711), fondateur de l’université de Moscou, la plus ancienne de Russie et qui porte d’ailleurs son nom.
Les dates des conseils de classe sont tombées. Je ne m’en sors pas trop mal, mais mes collègues m’ont conseillé de ne pas m’emballer car c’est comme avec les emplois du temps : rien n’est sûr tant que le conseil n’a pas commencé !
L’approche des conseils conduit les CPE à faire le point et à demander aux élèves de régulariser les absences non justifiées. Quand j’étais néo-titulaire, j’avais un élève absentéiste qui amenait une pile de certificats médicaux, qu’il avait « oublie » de fournir auparavant, une semaine avant le conseil. Ici, ça n’a pas trop l’air d’être le cas. En revanche, les élèves de mon groupe de seconde de 9H30 sont appelés par paquets pour expliquer la non-justification des absences, ce qui me donne l’impression de faire cours par roulement.
Avec les 1reS, je tente une nouvelle approche pédagogique : le cours assisté par diaporama. J’ai fini par suivre l’exemple de la collègue que je remplaçais à André-Rieu (cf. épisode 141). Le problème est que c’est très lourd à préparer : j’espère que cela va améliorer les choses. Difficulté supplémentaire : il ne faut pas que la Grosse Bertha fasse une fugue. Cette première séance est plutôt convaincante. Je me demande si cela vient du conditionnement des élèves habitués à être devant un écran. Évidemment, il fallait une pincée de loose : j’ai préparé mon diaporama sous PowerPoint mais le lycée, par mesure d’économie, utilise OpenOffice, ce qui empêche quelques effets super-chiadés de bien fonctionner. Il faudra que je demande des conseils à Dulcinée : c’est une super-pro du diaporama.
Dans cette salle, les fenêtres donnent sur le portail d’entrée. Je ne peux m’empêcher de relever la présence des pompiers. J’en apprends plus tard la raison par mon collègue d’anglais de 2e3 : une de mes deux jumelles, Viviane ou Liliane, je n’arrive jamais à savoir laquelle est dans quelle classe (cf. épisode 190), suçotait le bouchon de son effaceur quand un fragment s’est détaché, et elle a paniqué en l’avalant — il a fallu déployer les grands moyens.
Le soir, en me voiturant vers Paris, Julie Marin m’en raconte une bien bonne. La semaine dernière, un collègue d’éco lui a laissé un mot lui demandant de faire noter l’annulation d’un cours. Comme il ne fait qu’une partie de ses heures au lycée de l’Altion et qu’il n’adresse la parole à personne pendant son peu de temps de présence, cela n’a rien d’étonnant. Mais, le jour dit, il est allé trouver la CPE, furibard, lui demandant de coller toute la classe pour cause de séchage général. Comme le mot était dactylographié et qu’on ne va pas demander aux experts d’analyser l’encre de l’imprimante ou de faire un relevé d’empreinte, ça ne va pas être facile de trouver l’origine. La manœuvre est théoriquement impossible : comme la salle des profs est interdite aux élèves, ceux-ci doivent passer par nous pour déposer quelque chose dans les casiers. Des élèves ont pu fouler le sol sacré sans être frappés par le feu de la colère divine, mais ils peuvent être assurés que notre vengeance les poursuivra jusque dans l’Hadès !