épisode 134 : 29 avril — Longtemps, je me suis couché de bonne heure

Publié le par strelets

La journée a une ambiance assez militarisée. En 711, Tariq ibn Ziyad débarque en Espagne, en un lieu auquel il a laissé son nom. Jeanne d’Arc à Orléans pour en lever le siège (1429). Et nous fêtons même la naissance d’un des grands soldats de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle : Jean-Baptiste Jourdan (1762). Mais le bruit et la fureur des combats ne peuvent faire oublier que c’est aussi le début de la diffusion des Shadoks (1968). 

 

Évidemment, ma journée relève plus des Shadoks que de la geste militaire. Pour bien commencer, la nuit fut courte… ou longue, ça dépend de quoi on parle : bref, pour finir ce satané cours sur la république de Weimar, je me suis couché à des heures indécentes et n’ai dormi que quatre heures. Après presque deux semaines intensives, ça va être dur de garder du dynamisme.

 

Ce matin, dernier cours sous le regard de Napoléon. Comme hier, j’aurai dû avoir l’équivalent de deux classes, mais les rangs sont encore clairsemés. La conjoncture n’est pas très bonne : le collègue qui me précède libère la salle un peu tard, les élèves sont difficiles à faire rentrer, je suis fatigué et le cours est lourd (grande première : j’ai rompu l’orthodoxie trinitaire — il a quatre parties). Bref, je déborde. L’urgence dans la préparation et la relative anesthésie de mon cerveau font qu’il y a un manque criant de blagounettes. Ce dernier cours est sinistre.

 

L’équipe commence aussi à fatiguer. Le déjeuner s’étire en longueur. J’accepte un peu des Côtes-du-Rhône du maître — deux verres, ça ne va pas me tuer. Nous appuyant sur le prétexte fallacieux que les élèves sont de plus en plus en retard, nous laissons un peu filer. Nous reprenons donc avec pratiquement une demi-heure de retard… mais certains élèves parviennent encore à être en retard sur le retard, il est vraiment temps que ça s’arrête. Notre chef a bien fait de leur faire faire relâche demain après-midi, sinon on va avoir du fromage blanc dans les copies : ce serait quand même effroyable si nous les avions usés au point qu’ils ne soient plus capable de faire quelque chose !

 

Cet après-midi, nouveau cours dédoublé. J’en profite lâchement pour refaire le cours sur Weimar. Je cale encore plus que ce matin. Entre la fatigue et les Côtes-du-Rhône, j’espère que j’arrive à articuler — ce midi, j’ai quand même commandé une ecsalope au lieu d’une escalope, ce qui m’a valu des commentaires rigolards de mes collègues. Pour les élèves aussi, c’est dur. J’en vois une piquer du nez ; il fallait bien que ça arrive. Mais d’un coup, sa voisine explose de rire, avec fou rire communicatif à la rangée.

 

Elle s’était mise à ronfler.

 

Tant bien que mal, j’achève ce dernier cours, qui se finit un peu en eau de boudin. Quelqu’un se plaint que je sois venu sans mon chapeau de Mickey (cf. épisode 130) ; finalement, il en faut peu pour leur faire plaisir. Certains esquissent des applaudissements qui cessent bien vite, d’autres prennent des photos. L’an prochain, c’est décidé : je passe aux photos dédicacées.

Publié dans Saison 1

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C
<br /> Monsieur,<br /> <br /> Merci pour ces excellents cours, qui plus est dans une bonne humeur à faire pâlir les colos de vacances.<br /> <br /> En espérant vous croiser au détour d'un bon lycée parisien.<br /> <br /> <br />
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