épisode 41 : 19 novembre — Thèse et Beaujolais

Publié le par strelets

Le 19 novembre est un jour très spécial. C’est le jour du couronnement de Jean V Paléologue, un empereur très bien placé dans l’échelle des empereurs losers. La cérémonie va à l’encontre de toutes les traditions du moment : un âge trop bas (9 ans), un jour sans fête importante. Parti du pied gauche, son règne est le plus long de Byzance (50 ans), mais marqué par la loose : il doit arracher l’Empire à Jean VI Cantacuzène (1341-1354) ; il se trouve coincé à la frontière bulgare après avoir vainement tenté d’obtenir une aide militaire auprès du roi Hongrie et n’est sauvé que par l’arrivée inattendue de son cousin, le comte de Savoie (1367) ; il va à Rome faire une profession de foi catholique qui n’a aucun effet (1369) ; sur le chemin de retour, il est bloqué à Venise pour des histoires d’impayés (1370-1371) ; son fils aîné, Andronic IV se révolte, ce qui marque le début d’une nouvelle guerre civile (1373-1390). Dans une autre catégorie, le 19 novembre 1863 a été le jour de la loose pour Edward Everett, dont le discours de deux heures pour la consécration du cimetière de Gettysburg a été oublié au profit de la brève adresse de 3 minutes d’Abraham Lincoln, venu là faire plante verte…

J’ouvre l’œil… 8H12 ! Zeus tout-puissant ! je ne vais pas pouvoir être à 8H25 à Trapellun ! Stimulé par une bonne giclée d’adrénaline, je me jette hors du lit, avant de me rappeler qu’on est jeudi et que mon seul cours, c’est à 18H à la Sorbonne. N’empêche qu’une petite frayeur le matin, ça réveille !


Ça fait pas de mal car, une fois de plus, je suis complètement en retard dans la préparation des TD de ce soir. Et une fois de plus, j’imprime à 17H, sachant qu’il va falloir improviser la conclusion d’un des deux exposés.


Cette séance de TD m’a quand même apporté quelque satisfaction. Déjà, les effectifs se stabilisent. Chaque semaine, j’avais un ou deux nouveaux inscrits : c’est sympa, ça fait tirade du Cid, mais il y a un moment où les étudiants ont beaucoup de retard à rattraper. Ensuite, les exposés ont tenu dans les temps. La terreur du chrono, ça marche !


Mais il nous fallait un peu de loose, aussi. Un exposé portait sur les murailles de Constantinople. La malheureuse étudiante voulait utiliser le rétroprojecteur relié au vidéo-projecteur ultra-moderne. Sauf qu’on a eu beau se mettre à trois pour faire fonctionner le machin, que pouic ! On a juste réussi à faire descendre l’écran, qui se déployait lentement avec un bruit menaçant : ça faisait très Goldfinger
. L’exposé m’a un peu déçu : avec les murailles, j’attendais un peu d’action, des sièges, du feu grégois… et le résultat a été très BTP, solide mais pas très sexy. Comme j’étais fatigué, j’ai manqué de piquer du nez à plusieurs reprises, c’est la première fois que ça m’arrive, la honte…


Dans la catégorie « coïncidences troublantes », je récupère les tirages définitifs de ma thèse le jour même de la sortie du Beaujolais nouveau. Reste à savoir lequel des deux sera le plus saoulant…

Publié dans Saison 1

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article