épisode 190 : 20 septembre — Education textuelle

Publié le par strelets

Aujourd’hui a lieu un événement unique… pardon, hunnique : Théodoric Ier, roi des Wisigoths, et le magister militum Flavius Aetius défont Attila lors de la bataille des Champs Catalauniques (451). Avec 25 à 30 000 combattants issus de nombreux peuples de part et d’autre, c’est probablement la plus grande bataille de l’Antiquité. En 1792, c’est à Valmy que nos vaillants combattants repoussent les sauvages venus de l’est… oups !… nos sympathiques amis prussiens et autrichiens et leurs supplétifs contre-révolutionnaires. Mais parfois, c’est l’Orient qui l’emporte : le 20 septembre 1187, Saladin arrive sous les murs de Jérusalem. La tâche va être rude pour Orlando Bloom… 

 

Moment d’angoisse lorsque j’ouvre mon casier : un nouvel emploi du temps ! Après un examen approfondi, la perplexité m’envahit. Il n’y a absolument rien de changé. Pourquoi diable génocider des arbres pour me dire que rien n’a changé (le thème de fond du nouveau programme de géo est « le développement durable », ça déteint) ? Allez savoir, les voies de l’administration sont plus impénétrables qu’Athéna, Artémis et toutes les vestales réunies.

 

Ce lundi, c’est encore l’accompagnement personnalisé qui me fournit des surprises. Je continue d’évaluer les problèmes et besoins. Aujourd’hui, je me concentre sur leur capacité à comprendre un texte argumentatif. Il y a la question qui tombe sous le sens : « quelle est l’idée principale du texte ? » Une main se lève. « Mais m’sieur, si on n’a pas la même idée que vous, on va avoir faux. » Une conversation post-moderne s’engage alors, car le dit élève est persuadé que le texte n’a pas de contenu objectif et que c’est le lecteur qui décide du sens. Pourtant, j’avais joué la facilité avec un petit texte expliquant que l’avance de l’Europe sur certains points (ils étaient listés, ce qui permettait de voir s’ils faisaient la différence entre un argument et un exemple… ben ce n’est pas si simple) au début de l’époque moderne lui avait permis de se lancer à la conquête du monde. On n’a pas gagné la guerre…

 

Je ne suis pas en grande forme en cette rentrée. Voilà bientôt deux semaines que j’ai pris en charge mes classes, et il y a des élèves que je ne repère pas. Au sein de la classe, passe encore, mais je ne suis pas toujours à quelle classe appartient tel élève. Il y a notamment une élève qui me fait douter de ma santé mentale : je la vois pendant mon cours avec la 2e3 alors que j’aurais juré l’avoir vue l’heure d’avant avec la 2e1 ! En fait, à chaque fois, je m’étonne de la voir car j’aurai juré l’avoir avec l’autre seconde — dans mon emploi du temps, j’ai toujours mes deux classes de seconde l’une après l’autre, ça n’aide pas, vous en conviendrez.

 

Pendant mon heure avec la 2e3, la CPE passe distribuer un papier. Au cours des quelques mots que nous échangeons pendant que les élèves collent la feuille dans leur carnet de correspondance, la raison de mon trouble apparaît, ce qui me rassure sur mon état mental : en fait, il s’agit de jumelles qu’on a séparé. Évidemment, il aura fallu que j’hérite de ces deux secondes-là… Mais vous admettrez qu’appeler des jumelles Viviane et Liliane, ça n’aide pas à se repérer ! Néanmoins, je ne suis pas certain de savoir un jour laquelle est où.

 

Je me suis dispensé de ma dernière heure de cours car nous avons une heure syndicale (cf. épisode 12). Non seulement ça permet de voir l’ambiance de l’établissement côté syndical, mais avec les mouvements de grève qui s’annoncent au sujet des retraites, il n’est pas inutile de savoir si j’ai mis le pied dans un nid de révolutionnaires gauchistes ou de suppôts de la réforme.

 

Auparavant, je parviens à intercepter François Vitry. Ce sympathique collègue de SVT est notre administrateur réseau, et c’est lui qui doit me donner mes codes pour pouvoir entrer dans Lilie. Oublié Pronote (cf. épisode 35) : Lilie (pour L’interface libre et interactive de l’enseignement) est l’ENT (espace numérique de travail) développé par la région. C’est là où nous devons mettre nos notes, porter les appréciations sur les bulletins et remplir le cahier de texte. Seulement, il me faut des codes d’accès. Et ça promet : François Vitry me remet mon identification et un code, qui n’est utilisable que pour la première connexion car il est obligatoire d’en changer, puis on m’enverra un autre code pour accéder à la partie vie scolaire (notes et bulletins). Il paraît que l’informatique doit simplifier notre vie professionnelle, mais le ministère n’aurait pas dû sous-traiter aux Shadocks.

 

L’heure syndicale est extrêmement instructive. Notre syndicaliste local est Catherine Pedrosa (éco-gestion). Les principaux reproches à la direction portent sur la capacité à faire des emplois du temps. Je vais arrêter de me plaindre du mien, car plusieurs ont connu des refontes massives répétées. Pas toujours dans le bon sens : un collègue en est à la huitième version, une autre, en enseignement professionnel, fait ses huit heures à la même classe… en une journée ! Même selon les standards habituels de l’établissement, les emplois du temps ont été particulièrement ratés cette année. Les doléances à ce sujet prennent l’essentiel de l’heure. Concernant les problèmes nationaux, la consigne est plutôt d’attendre.

 

Je ne m’éternise pas après la fin de la réunion. J’ai fais la connaissance de deux collègues parisiennes, Julie Marin (anglais) et Solange Letailleur (espagnol). Julie Marin emprunte parfois la voiture de ses parents, comme aujourd’hui. Je bénéficie donc d’un retour motorisé, ce qui est très agréable !

 

Je crois que je fais mon trou au lycée de l’Altion : il n’y a pas trop de boulets, où je les ai bien évités, et je sympathise avec des collègues sympa.

 

Publié dans Saison 2

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