épisode 189 : 17 septembre — Démasqué

Publié le par strelets

Le 17 septembre, c’est le jour des Manuel. Pas des manuels scolaires : l’Empire byzantin a deux empereurs nommés Manuel, et tous deux se sont illustrés aujourd’hui. Manuel Ier Comnène en mode loose : l’armée conséquente rassemblée pour reprendre l’Anatolie centrale aux Turcs tombe dans une embuscade à Myrioképhalon (1176). L’Empire a perdu l’occasion de récupérer cette région — d’ailleurs, les Turcs y sont toujours. Manuel II Paléologue, avec l’aide des Hospitaliers, entre à Constantinople (1390) et peut porter secours à son père, Jean V, assiégé depuis la mi-avril dans le fort de la Porte Dorée par son neveu, Jean VII — si vous n’avez rien compris, c’est normal, les Paléologues, c’est pire que Dallas. En tant qu’ancien d’un lycée portant son nom, je ne peux qu’avoir une pensée émue pour Condorcet, dont nous fêtons la naissance (1743). 

 

J’ai pris mon rythme de croisière. Tout d’abord avec le RER A, spécialiste des ralentissements inattendus qui me font rater le bus de Fortneuf à deux minutes prêt ! Aujourd’hui, je revis l’option sardines en boîte avec le voisin qui vous tousse dessus. Rien que pour ça, il faudrait ressortir une alerte à la grippe A.

 

Ma première heure du vendredi est l’occasion d’un gag récurrent. Rien du niveau de Boby-Lapointe à Oscuripont, rassurez-vous, mais cette expérience m’a précisément fait passer le goût du comique de répétition. À 9H30, en module, je suis dans une salle de demi-groupe que, pour une raison obscure, une collègue comme sa salle, et ça la perturbe de devoir me la laisser alors que j’ai des élèves et pas elle.

 

Avec les élèves aussi. Normalement, lorsqu’on arrive dans un nouvel établissement, les élèves ne vous connaissent pas. Ce n’est tout à fait mon cas, car Évoire-l’Ermitage est à deux pas de Trapellun. J’ai déjà un élève qui m’avait subi à Lewis-Carroll (cf. épisode 185) ; je découvre qu’en prime j’ai les cousins d’une élève que j’avais eu en 1reES là-bas. Quant à ma réputation, misère… Une élève de 1reS4 me demande si je n’étais pas à Lewis-Carroll l’an dernier. Je lui répond que oui, l’invitant à poursuivre sa pensée, mais elle m’oppose un sourir mystérieux à la Mona Lisa. En 1re5STG, ils sont plus directs : à la même réponse, l’élève inquisitrice ajoute « wesh, vous étiez tout le temps absent là-bas, il y avait toujours votre nom sur le tableau ». Que dire ?…

 

Les secondes sont très puériles. Avec le nouveau programme, nous commençons par des considérations sur la population européenne. La démographie, surtout quand on croise la Peste Noire, est l’occasion de les exposer à mon humour un peu noir.

 

Ce midi, je sors fumer un mégot. À l’Altion, nous n’avons pas de sortie dérobée et je dois me livrer à mon vice sous le regard des élèves. Comme je pouvais le craindre, je suis repéré par un groupe de secondes.

 

« Wah ! m’sieur ! vous fumez !

- C’est pas bien, m’sieur ! il faut penser à votre santé !

- Et alors ? tenté-je de répondre avec détachement : il faut bien mourir de quelque chose !

- Wah ! C’ prof, il aime trop la mort… »

Publié dans Saison 2

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